La consommation des ménages est l’opération économique consistant à acquérir des biens destinés à être détruits immédiatement ou progressivement à travers leur utilisation. Si l’acquisition est destinée à satisfaire directement les besoins d’un ménage, on parle de consommation finale ; lorsque le bien disparaît dans le processus de production d’un autre, il s’agit de consommation intermédiaire. La consommation finale correspond d’abord à un comportement individuel des ménages. Mais, au niveau global, elle constitue, en tant que composante principale de la demande, une variable macro-économique prépondérante.
La consommation dépasse largement le champ strictement économique. Les choix individuels font intervenir des critères psychologiques, sociaux, culturels. . . Au niveau global, la consommation peut aussi être considérée comme un phénomène sociologique.
La consommation prend différentes formes : marchande quand elle correspond à des achats de biens et services sur le marché, non marchande s’il s’agit d’autoconsommation ou de services publics. La consommation peut être collective, si la consommation par un individu n’exclut pas la consommation par les autres, ou individuelle dans le cas contraire.
Les comportements de consommation des ménages
Pour les théoriciens néoclassiques, les ménages arbitrent d’abord entre l’épargne et la consommation, en fonction du taux d’intérêt proposé pour rémunérer l’épargne. Plus ce taux est important, moins grande sera la consommation. Ensuite, chacun effectue ses choix, sous la contrainte de son budget, en vue de maximiser sa satisfaction globale. Cela suppose que l’individu est rationnel, qu’il peut établir a priori l’ordre de ses préférences entre les différents types de biens proposés à la consommation. Ce calcul pose le prix comme un déterminant essentiel des comportements de consommation : c’est la « loi de la demande décroissante », selon laquelle la consommation est une fonction décroissante du prix.
Les choix d’épargne et de consommation ne sont pas toujours libres et rationnels. L’individu tel que le décrivent les néoclassiques n’existe pas. Chacun obéit aussi à des pulsions qui peuvent déclencher des achat irréfléchis. Le comportement économique ne peut être entièrement dicté par des calculs.
La théorie de la « filière inversée » de Galbraith fait des producteurs, grâce à la mercatique et à la publicité, les principaux responsables de l’évolution des préférences des consommateurs.
L’observation met en évidence de nouveaux comportements de consommation depuis le début des années quatre-vingt-dix. Le « nouveau consommateur » serait plus rationnel, moins sensible à la publicité mais plus à la qualité véritable des biens et services.
L’étude de la consommation globale
La fonction keynésienne de consommation : Keynes cherche à expliquer la consommation globale et attribue au revenu le rôle principal dans sa détermination. Selon lui, la fraction consommée du revenu, qu’il appelle propension à consommer, diminue avec l’augmentation du revenu. La part consacrée à la consommation est de moins en moins grande car les besoins sont progressivement satisfaits et les possibilités d’épargne de plus en plus importantes.
La fonction de consommation keynésienne a donc une seule variable, le revenu. Elle peut s’écrire sous la forme C = c.R + b, avec c < 1 , et se représente par une droite.
Des politiques économiques s’en inspireront pour relancer la consommation en agissant sur le revenu, particulièrement sur les revenus des ménages les plus modestes, dont la propension à consommer est plus élevée.
Selon le modèle du « revenu permanent » de Friedman, la consommation s’établit non pas en fonction du revenu courant des ménages, mais en fonction d’un revenu annuel moyen estimé par l’individu en fonction de ses anticipations (études, revenus futurs. . .).
Le développement de la consommation de masse : durant les décennies de croissance qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale (les « Trente Glorieuses »), la consommation a joué un rôle décisif dans le fonctionnement du modèle « fordien ». Grâce au développement de la consommation de masse, notamment dans le domaine des biens durables, la demande stimule une production de masse, donc la distribution de revenus, entretenant ainsi l’augmentation de la consommation.
Le ralentissement de la consommation : la période actuelle laisse apparaître, depuis la fin des années quatre-vingt, une nette remontée du taux d’épargne, et surtout de l’épargne financière, au détriment de la consommation, qui se ralentit. Pour certains, il s’agit d’un phénomène psycho-sociologique de saturation, de rejet de la sur-consommation. D’autres avancent une explication économique liée au niveau global du revenu, jugé insuffisant pour assurer un niveau de demande satisfaisant.
La structure de la consommation
Lois d’Engel et structure de la consommation : la loi énoncée par l’économiste Engel au XIXe siècle, selon laquelle la part de la consommation consacrée à l’alimentation (le coefficient budgétaire de l’alimentation) diminue avec l’augmentation du revenu, reste valable. La faible élasticité de la consommation alimentaire par rapport au revenu était démontrée. D’autres lois, également attribuées à Engel, sont plus difficilement vérifiables aujourd’hui.
Mais on peut effectivement distinguer trois types de consommations : celles qui augmentent plus vite que le revenu (logement, santé, transport, loisirs), celles qui augmentent moins vite que le revenu (alimentation, habillement, équipement du logement), et celles qui augmentent au même rythme que le revenu (autres biens et services) :
La dématérialisation de la consommation : on peut aussi mettre en évidence une tendance à la dématérialisation de la consommation, c’est-à-dire à une augmentation de la part des services dans la consommation totale. Ils représentent aujourd’hui plus de 40 % de la consommation.
La réduction du temps de travail, la montée de la demande de services dans les domaines à forte élasticité-revenu (santé, loisirs, culture, transport), la marchandisation des activités domestiques contribuent à cette dématérialisation.
La montée des consommations collectives
Dans la société contemporaine, la collectivité prend en charge un certain nombre de besoins collectifs : éducation, logements sociaux, routes. . . Lorsque les ménages profitent de ces biens (il s’agit essentiellement de services), on parle de consommation collective.
C ‘est une consommation non marchande puisque les ménages, après avoir payé leurs impôts, utilisent ces services gratuitement ou moyennant une participation ne correspondant pas au coût de production.
La « consommation élargie » est la réunion des consommations individuelles et des consommations collectives. En France, elle est obtenue en ajoutant à la consommation finale des ménages la consommation finale individualisable des administrations. L’État prend en charge une grande partie des consommations collectives. Dans certains cas, il s’agit de services fondamentalement collectifs, car rendus à la société dans son ensemble : justice, police. Dans d’autres cas, l’État propose, sous forme collective, des services qui auraient pu être sinon individuels (éducation, santé), du moins marchands (transports).
Les collectivités locales participent également aux consommations collectives. Dans de nombreux domaines, parce qu’elles en ont la compétence juridique ou parce que, plus près du terrain, elles sont mieux placées pour satisfaire les besoins collectifs, ce sont elles qui assurent les prestations collectives : eau potable, transports publics, équipements culturels et sportifs, logement. . .
De quelle façon consommation et revenu sont-ils liés ?
La consommation est une des destinations du revenu des ménages. Ces deux phénomènes sont donc pratiquement indissociables. Cependant, l’influence du revenu sur la consommation peut être analysée de différentes manières : au niveau micro-économique ou macro-économique, revenu courant ou revenu permanent, volume ou structure de la consommation.
• Au niveau microéconomique, la question se pose en termes de maximisation de la satisfaction totale. Le revenu se pose comme la principale contrainte de ce calcul. Au niveau macro-économique, le problème est de connaître la part du revenu consacrée à la consommation.
• L’analyse keynésienne relie la consommation globale au revenu courant selon une fonction linéaire. La théorie du revenu permanent conteste cette représentation et retient une conception plus stable du revenu issu des anticipations des agents.
• Enfin, le lien entre revenu et consommation peut être appréhendé en structure, c’est-à-dire en observant la composition de la consommation. À la suite d’Engel, on peut ainsi distinguer des consommations qui augmentent plus vite, au même rythme, ou moins vite que le revenu.
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