Toute entreprise se trouve devant l’impératif de solvabilité c-à-d d’effectuer sans interruption des règlements qui résultent, soit : d’engagements antérieurement contractés (dettes de financements, dettes fournisseurs) ; d’opérations courantes dont la réalisation et le règlement conditionnent la poursuite de l’activité (salaires, cotisations sociales) ; de prélèvements obligatoires qui s’imposent du fait de dispositions légales (impôts).
Le maintien de l’équilibre financier met en cause l’aptitude de l’entreprise à honorer ces obligations. Ainsi défini, l’équilibre financier présente les caractéristiques suivantes :
- il est un une contrainte permanente : toute perturbation dans l’équilibre financier nuit gravement à l’entreprise. Il en résulte que la solvabilité est une contrainte qui s’exerce au quotidien sur l’entreprise. La gestion de dettes exigibles ne peut être différée.
- il est une contrainte absolue : l’équilibre financier ne peut être omis même sur des périodes brèves (comme on peut le faire, par exemple, pour les objectifs de croissance, de rentabilité, du progrès technique ou même social…).
De l’ensemble de ces caractéristiques on déduit que l’équilibre financier constitue pour l’entreprise la condition financière de sa survie.
Le bilan financier (ou bilan liquidité)
Il s’agit de retraiter le bilan comptable de manière à obtenir un document synthétique qui met en évidence les conditions de financement de l’entreprise et les conditions de maintien de son équilibre financier et sa solvabilité.
L’établissement du bilan financier trouve sa pertinence dans le respect du principe de l’orthodoxie financière qui insiste, d’une part sur l’équilibre entre les ressources de financement et les emplois immobilisés, et d’autre par entre les ressources circulantes et les emplois circulants (adéquation entre la maturité des ressources et la maturité des emplois qu’elles permettent de financer).
Le passage du bilan comptable au bilan financier (retraitements et reclassements)
Le bilan financier est dressé à partir du bilan comptable et des informations complémentaires. Les postes d’actifs et de passifs sont :
– Retraités pour neutraliser les effets des règles juridiques, comptables et fiscales qui entachent la réalité/vérité patrimoniale des éléments du bilan (non valeurs, évaluation, crédit-bail, etc.) ;
– Reclassés respectivement par ordre de liquidité et d’exigibilité croissantes.
L’objectif étant d’évaluer la solvabilité de l’entreprise et son équilibre financier, le niveau de détail requis dans la présentation du bilan financier est de très loin moindre que celui requis dans un bilan comptable. Aussi le bilan financier est un bilan condensé :
Bilan financier condensé:
a. Retraitements et reclassements des postes de l’actif
– L’évaluation de l’actif à sa valeur nette réelle : l’analyste se place dans une optique de liquidation de l’entreprise, et évalue ainsi tous les éléments de l’actif par leur valeur liquidative ou du marché ;
– Les actifs sans valeur vénale (Actif fictif) sont éliminés puisqu’ils ne représentent pas un bien ou une créance (immobilisations en non valeurs, frais de recherche et développement, charges constatées d’avance)¹
¹Les frais de recherches et développement, charges constatées d’avance et écarts de conversion-actif sont objet à controverse quant à leur nature et par conséquent quant à leur retraitement.
– Écarts de conversion-actif sont éliminées de l’actif dans la mesure où la perte latente n’est pas couverte par une provision au passif)
– Le fonds commercial doit être éliminé car sa valeur n’est pas significative. Son évaluation comptable repose en effet sur une prévision
des bénéfices futurs. Par prudence, cette évaluation ne doit pas figurer sur le bilan liquidité.
– Les stocks sont réduits de la valeur du stock-outil.
– Les créances doivent être ventilées en créances à plus ou moins d’un an selon leur durée de vie résiduelle. Les effets escomptables sont considérés comme de la trésorerie.
– Les titres et valeurs de placement sont classés en trésorerie si elles sont réalisables sans coûts et sans délai.
Retraitements et reclassements des postes du passif
– Les dividendes à payer sont retranchés du résultat et ajoutés aux dettes à court terme. De ce fait le bilan liquidité doit être établi après répartition du bénéfice.
– La fiscalité latente : les éléments de capitaux propres comptabilisés en franchise d’impôts doivent être corrigés du montant de l’impôt sur les résultats. Ce montant est retranché des capitaux propres et ajouté aux dettes à court terme. Les postes intéressés sont : « subventions d’investissement » et « provisions réglementées »² .
² Il s’agit notamment des amortissements dérogatoires, des provisions pour investissements, provisions pour reconstitution des gisements, etc.
– Les provisions pour risques et charges : ces provisions représentent des dettes probables. On doit les inscrire, soit dans les dettes à plus d’un an, soit dans les dettes à moins d’un an, en étudiant, cas par cas, la date vraisemblable de réalisation du risque ou de la charge ³ .
³ Toutes les provisions figurant au bilan sont en principe justifiées. Cependant, si exceptionnellement, il apparaissait qu’une provision ne soit pas justifiée, on la réintégrerait dans les capitaux propres pour son montant net de l’impôt sur les résultats.
– Les comptes courants d’associés doivent être transférés aux capitaux propres s’ils sont bloqués ou stables.
– L’écart de conversion-passif : c’est un gain de change latent qui a déjà supporté l’impôt sur les résultats. Il doit être reclassé dans les capitaux propres.
– Les produits constatés d’avance : sont reclassés dans les dettes à plus d’un an ou dans les dettes à moins d’un an selon leur échéance.
L’analyse du bilan liquidité
L’analyse du bilan liquidité nécessite de préciser la notion de fonds de roulement et de besoin en fonds de roulement avant de calculer un certain nombre de ratios.
a. Le fonds de roulement
A la division verticale du bilan en actif et en passif il faut ajouter une division horizontale qui s’établit entre les parties supérieure et inférieure du bilan ; la partie supérieure est constituée, à l’actif, par les valeurs immobilisées et, au passif, par les capitaux permanents ; la partie inférieure renferme, à l’actif, les valeurs de roulement et, au passif, les capitaux circulants.
La condition minimale de l’équilibre financier de l’entreprise est l’égalité entre les parties supérieures et les parties inférieures. Dans ce cas, en effet, les valeurs immobilisées sont financées par des ressources dont dispose l’entreprise durablement, et les ressources dont la restitution peut être rapidement exigée ne financent que des actifs qui peuvent être liquidés rapidement.
Au-delà de ce minimum, l’exigence d’un fonds de roulement correspond à celle d’une marge de sécurité ; elle consiste dans la détention d’une masse de ressources permanentes supérieure à celle des emplois immobilisés, de telle sorte qu’une partie des valeurs de roulement soit financée par cet excédent des capitaux permanents. Cette différence (calculée sur les données d’un bilan liquidité) est appelée fonds de roulement liquidité ; elle peut être positive ou négative :
Le fonds de roulement (FDR)
Pourquoi est-il souhaitable d’avoir un fonds de roulement positif ?
Un fonds de roulement est nécessaire aux entreprises du fait des décalages dans le temps :
- décalages entre le moment d’achat et le moment des ventes qui entraînent l’existence de stocks ;
- décalages entre le moment des ventes et l’encaissement des sommes correspondantes ce qui lieu à un besoin de financement des créances clients.
- Ce besoin est atténué par le décalage de sens opposé entre les charges les paiements correspondants
Pour éviter que ces décalages n’entraînent l’incapacité de l’entreprise à faire face à ses échéances le BFR doit être financé par des ressources permanentes soit le FDR
Le besoin en fonds de roulement (BFR)
b. L’analyse par les ratios
Un ratio est un rapport entre deux grandeurs caractéristiques, il s’exprime soit sous forme d’un quotient, soit sous forme d’un pourcentage
Utilité des ratios :
-construire une information synthétique interne pour dirigeants et externe pour actionnaires, banquiers, partenaires…
– suivre une évolution historique ou prévisionnelle
– établir des comparaisons : avec des entreprises du même type ou une entreprise de la même branche
– tenir un tableau de bord : choix de ratios fiables constituant des clignotants renseignant sur les éventuels dysfonctionnements de l’entreprise et déclenchant les actions correctives nécessaires.
Les ratios sont les principaux outils de l’analyse financière. Le choix des ratios n’obéit à aucune normalisation, leur calcul doit cependant être finalisé. Il est inutile de calculer un ratio si on ne peut dégager aucun commentaire significatif. C’est pourquoi il faut élaborer une stratégie de l’analyse avant de l’entamer.
1. L’analyse de la structure financière
Cette étude permet de répondre à la question suivante : quelle est la structure financière en fin de période résultant de l’activité réalisée, des financements obtenus et des résultats dégagés ?
4.. Capital économique : Emplois stables d’exploitation + BFRE
5.. Investissement de la période + variation du BFRE
R1 : Selon les principes de l’orthodoxie financière la santé financière requiert que les emplois stables (y compris le BFRE) soient financés par des ressources stables (R1>1).
R2 : Si ce ratio est inférieur à 1 alors que R1 est supérieur à 1 cela veut dire que le BFR ou une partie du BFR est financée par des ressources circulantes. L’appréciation de cette situation dépend de l’importance des sommes financées par des ressources circulantes et la capacité de l’entreprise à réaliser ses actif réalisables et a accéder au financement bancaire.
R3 : C’est un ratio complémentaire des précédents. Il permet d’apprécier le risque bancaire dû au non renouvellement des crédits bancaires courants. Il convient de souligner qu’une utilisation systématique des facilités de caisse ou des découverts n’est pas saine. Elle compense en effet une insuffisance de ressources durables.
R4 : C’est un ratio qui renseigne sur un aspect stratégique de la gestion financière de l’entreprise et qu’il faut suivre régulièrement afin de mesurer l’indépendance financière extérieure. Plus ce ratio est élevé, plus faible est l’endettement total relatif et donc meilleure est la possibilité de recours à des crédits extérieurs. L’orthodoxie financière et les normes bancaires recommandent un rapport supérieur à 1. En pratique, la recherche de l’effet de levier fait que nombre d’entreprises ont des niveaux d’endettement très supérieurs aux niveaux des ressources propres.
R5 : Il correspond au calcul théorique du nombre d’années d’autofinancement nécessaires pour rembourser totalement les emprunts contractés. L’orthodoxie financière recommande la prudence en fixant un niveau d’endettement inférieur ou égal à 3 années d’autofinancement.
R6 : Il mesure le financement interne de la croissance de l’entreprise.
2. L’analyse de la liquidité
L’étude de la liquidité permet d’apprécier le comportement des composantes de BFR en les rapportant les uns aux autres :
R1 : détermine la dépendance de l’entreprise vis-à-vis des rentrées de trésorerie. Plus la valeur du ratio est importante, moins l’entreprise est exposé.
R2 : indique la situation de trésorerie de l’entreprise.
R3 : mesure la capacité de l’entreprise à faire face immédiatement à ses dettes exigibles à moins d’un an.
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